Deux girafons nés sans aucune tache : que disent les experts ?

S’agit-il d’une coïncidence ? Deux phénomènes ultra rares se sont produits en espace de quelques semaines seulement. Le 31 juillet 2023, une girafe sans tache est née dans un zoo américain – un évènement extraordinaire car la dernière naissance d’une girafe à pelage brun homogène remonte à 1972, dans un zoo de Tokyo.

Cette naissance inédite a fait la une des pages animalières des médias, mais voici une nouvelle surprise !

Cette fois-ci, un bébé girafon, toujours sans emblématiques taches sur sa peau, est observé à l’état sauvage, ce qui n’est jamais encore arrivé auparavant. Photographié dans une réserve privée du centre de la Namibie, ce nouveau-né est le premier cas d’une girafe sauvage dépourvue de taches enregistré en Afrique.  

Crédit photo : Eckart Demasius et la Giraffe Conservation Fondation 

Avec ces deux cas hors-norme, peut-on suggérer que le phénomène deviendra désormais plus fréquent ? 

Pour Sara Ferguson, coordinatrice du programme santé à la Fondation pour la conservation des girafes, ces naissances sont très certainement dues à une ou plusieurs mutations génétiques. Néanmoins, selon cette vétérinaire et spécialiste de la faune sauvage, aucun lien n’existe entre les deux naissances. Le fait que les deux observations arrivent pratiquement en même temps est un pur hasard et ne suffit pas pour supposer une tendance quelconque.

De plus, les deux girafons atypiques appartiennent à deux sous-espèces différentes.

La petite femelle née au zoo Brights de Limestone, dans le Tennessee, est une Girafe réticulée (Giraffa reticulata). Quant au bébé girafe sans tâche observé récemment au Safari lodge du Mont Etjo dans la Namibie, il appartient à une autre sous-espèce : la Girafe d’Angola (Giraffa cameloparalis).

Même si les chercheurs sont plutôt d’accord qu’il s’agit des anomalies génétiques, il leur reste pratiquement tout à découvrir sur le caractère exact de ce processus.

Derek Lee, professeur de biologie à l’Université d’État de Pennsylvanie et co-auteur d’une étude récente sur la transmission génétique de certaines caractéristiques des taches chez les girafes, a avancé que ces deux exemples ne sont pas, techniquement parlant, des animaux sans taches, mais plutôt des « girafes avec une seule tache qui recouvre tout le corps ».

Quant à Sara Ferguson, elle trouve que ces dernières découvertes ne sont qu’un nouvel exemple « de la manière étrange dont fonctionne le monde ». Elle a confié à la rédaction de National Geographic d’être « surprise et heureuse qu’il y ait tellement plus à apprendre et à découvrir sur les girafes ».

Crédit photo : Eckart Demasius et la Giraffe Conservation Fondation

En attendant, la petite femelle née au zoo Brights va très bien. Son nom Kipekee (« unique » en swahili) a été choisi par les internautes parmi les 4 prénoms qui étaient proposés au vote.

Pour le zoo ce petit buzz est avant tout une chance inouïe d’attirer l’attention sur le danger d’extinction de l’animal.

« Les populations sauvages plongent en silence vers l’extinction, avec 40 % de la population de girafes sauvages perdus en trois décennies », alerte Tony Bright, fondateur de Brights Zoo, dans un communiqué récent.

Les membres de la Fondation pour la conservation des girafes partagent les mêmes préoccupations.

« Peut-être que nous n’avons pas toujours besoin d’explications pour tout. Pourquoi ne pas simplement nous émerveiller devant les miracles de la nature ?!" a commenté l’évènement  Stephanie Fennessy, directrice exécutive et co-fondatrice de la Fondation. « Les girafes sont en difficulté et si nous n’agissons pas maintenant, nos petits-enfants ne pourront peut-être pas voir de girafes dans la nature lorsqu’ils seront grands. C'est surtout ça qui m'inquiète ! Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas trop tard ! Si nous agissons maintenant, nous pouvons tous défendre les girafes et assurer un avenir dans la nature à ces gentils géants. »