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Dans son nouveau livre paru en anglais le 4 mai 2021 (How Stella Learned to Talk, Éditeur William Morrow), Christina Hunger, orthophoniste et spécialiste en troubles du langage, raconte comment elle a appris son chien Stella à « parler » en utilisant 29 mots essentiels et en les combinant en phrases simples.
Pour enseigner à Stella une forme de véritable langage qui élève leur communication à un autre niveau, Christina a inventé un clavier spécial et une méthodologie inspirée de son travail avec de jeunes enfants. Le but ultime du livre est d’aider les lecteurs à utiliser la même méthode pour apprendre leurs chiens à communiquer avec eux et mieux exprimer leurs besoins, envies et même leurs émotions.
Pour le moment, l’ouvrage n’est pas encore disponible en français, mais ce n’est qu’une question de temps. Car «Comment Stella a appris à parler » risque de devenir très rapidement un bestseller. Le compte Instagram de Stella a déjà atteint presque 800 000 abonnés et on parle dans les médias anglophones d'une vraie sensation.
Alors en quoi consiste cette méthode révolutionnaire, si on reprend ses propres mots, de Christina Hunger ? Comment son chien Stella communique en utilisant le langage humain (ou presque) ? Voici ce que nous savons sur cette expérience étonnante qui provoque beaucoup d’enthousiasme chez les uns et pas mal de méfiance chez les autres.
Tout a commencé en 2018. Dans son travail quotidien, Christina Hunger avait recours aux outils de CAA, Communication Améliorée et Alternative (AAC en anglais). Il s’agit d’un ensemble de stratégies et de systèmes de communication destinés aux personnes souffrant de retards ou de troubles d’élocution et limitées dans leur capacité à utiliser la parole. La Communication Améliorée et Alternative aide ces personnes à communiquer via d’autres supports. En observant l’efficacité de CAA dans l’apprentissage des enfants, Christina s’est posée la question : et pourquoi pas utiliser les même outils pour éduquer Stella, le chiot croisé entre Catahoula et Bouvier australien que Christina et son compagnon venaient d’adopter ?
«Les chiens peuvent comprendre les mots, ne devraient-on pas leur donner l’occasion de dire des mots, mais d'une manière différente - pas avec un discours verbal ? » Les résultats ont dépassé tout ce qu’elle avait pu imaginer.
En quoi concrètement consiste la méthode ? Au départ Christina a utilisé des buzzers enregistrables. Ces boutons utilisés souvent pour les jeux de quiz permettent d’enregistrer des mots et des messages qu’on déclenche avec la pression. Elle a programmé quelques mots importants dans la communication de Stella avec ses maîtres, comme par exemple « dehors », « jouer », « eau » , puis a commencer à ajouter d’autres mots : « aider », « promenade », « venir », « au-revoir ». Lorsque Stella appuie sur le bouton « jouer » - « play » en anglais, - on entend le mot enregistré.
Plus tard, Christina Hunger, en partenariat avec le fabricant Learning Resources, a créé son propre pack des boutons et des activités pour chien.
Selon Christina, grâce à son clavier Stella arrive même à avoir de courtes conversations avec ses maîtres et pas seulement leur signaler ses envies, mais exprimer des ressentis et des émotions. Ainsi, par exemple, elle a déjà construit des phrases du type « Bien, promenade, Jake » après une longue et particulièrement agréable balade avec son maître Jake, compagnon de Christina. Le concept « love you » (je t’aime) fait aussi partie de son vocabulaire matérialisé par les boutons parlants, et Stella sait l’inclure dans de petites phrases comme « Christina, venir, jouer, je t’aime ». - et cela pour convaincre sa maîtresse de les rejoindre, Jake et la chienne, à la promenade.
Stella a aussi appris à décrire ce qu’elle voit et à utiliser le même mot approprié à la situation dans des contextes différents. Elle appuie sur le bouton « l’eau » (water) en voyant sa maîtresse arroser les fleurs, pour dire qu’elle est mouillée après avoir joué dans la neige ou encore pour faire la référence à la plage.
Parmi les mots les plus compliqués et abstraits que Stella utilise dans sa communication, il y a des mots interrogatifs, comme par exemple « Où ? ». Lorsque la chienne cherche un jouet ou un autre objet, elle construit une phrase qui relie la question « Où ? » avec le mot désignant cet objet.
"Stella nous dit quand elle n'aime pas quelque chose, elle nous dit quand elle est excitée, ou quand elle veut faire quelque chose de différent de ce que nous faisons actuellement", a déclaré Hunger aux journalistes d’AARP dans une interview téléphonique. "Je pense que la complexité des pensées [des chiens] et de leurs désirs est quelque chose qui serait vraiment surprenant pour beaucoup de gens."
Le livre How Stella Learned to Talk (« Comment Stella a appris à parler ») retrace toute l’histoire de cet apprentissage dès le début. L’intention de Christina Hunger est de donner aux lecteurs une perspective globale, en mettant en scène toutes les étapes de son expérience, ses relations avec Stella et les bases de son approche au développement du langage.
Le deuxième objectif du livre est d’aider les gens à enseigner cette méthode à leurs propres chiens. À ce titre, il contient des conseils pratiques destinés à tous ceux qui décideraient de tenter l’expérience.
Le livre n’est pas encore disponible en français mais rien ne vous empêche de commencer l'apprentissage de votre chien dès maintenant.
Christina donne volontiers des conseils aux propriétaires de chiens qui voudraient utiliser sa méthode. Voici quelques-uns que nous avons repérés dans plusieurs interviews qu’elle a donnés aux médias anglophones.
« La première étape consiste à remarquer comment votre chien communique déjà », soutient Christina Hunger dans son interview accordée à Washington Post. « Ainsi, lorsque votre chien fait des gestes pour vous communiquer quelque chose, vous pouvez raconter ce qu'il fait avec des mots. Avant d'utiliser des boutons, les chiens ont besoin d'entendre les mots et de les comprendre avant de les "dire" ».
Selon Christina, il est complètement faux de penser que les chiens font des choses uniquement pour une récompense. Dans ses expériences avec Stella, elle a suivi la même logique qui la guidait autrefois dans son travail avec les enfants : « associer un sens au mot, montrer que chaque mot a du pouvoir et faire comprendre quel est le pouvoir de ce mot lorsqu’on l’utilise ».
Est-ce que vous donnez systématiquement un bonbon ou une collation à un enfant qui a dit un nouveau mot ? De la même façon, Christina Hunger ne donne pas de friandises à son chien pour l’apprendre à appuyer sur les boutons.
Comme il s’agit d’une idée encore nouvelle pour la société, il est normal d’inventer, expérimenter et essayer des techniques différentes. Il existe sûrement de nombreuses façons de procéder, il s’agira de partager les expériences de chacun et trouver ce qui fonctionne le mieux.
Ce processus d’apprentissage peut se révéler très long. Il est naturel de se montrer impatient et vouloir que ça marche tout de suite, mais il est impossible d’apprendre une langue en quelques jours, ni pour un chien, ni pour un humain. De plus, pour chaque chien le temps d’apprentissage sera différent.
D’après la créatrice de la méthode, il lui faut travailler avec Stella quelques heures par jour, jusqu'à ce que petit à petit, elle commence à associer une action à un mot. Cela a pris à Stella environ un mois pour apprendre son premier mot : «dehors». A l’heure actuelle, elle utilise déjà 49 mots.
Christina Hunger a déjà ses partisans qui semblent atteindre avec leurs chiens des résultats aussi spectaculaires que ceux de Stella. Ainsi, un autre américain Alexis Devine enseigne son chien Bunny avec cette méthode et crée des buzz sur la plateforme Tiktok avec son compte @what_about_bunny suivi par plus de 6 millions de fans.
À croire son propriétaire, Bunny sait manipuler plus de 70 boutons pour exprimer ses pensées et, tout comme Stella, arrive à combiner plusieurs mots dans la même phrase.
Les scientifiques semblent légèrement intrigués mais sceptiques face à l’enthousiasme des nouveaux orthophonistes canins. Ainsi, Sarah Jeannin, éthologue, souligne qu’il n’y a rien de nouveau dans l’idée que les chiens associent un certain sens aux mots prononcés par leurs maîtres. Or, les mécanismes selon lesquels les chiens comprennent et peuvent utiliser le langage restent encore largement inconnus.
Dans l’article Talking dogs, really? (« Chiens parleurs, vraiment ? ») publié dans le média universitaire The Conversation, Mélissa Berthet et Léo Migotti, les chercheurs français spécialisés en sciences cognitives et en comportement animal, avancent de nombreux arguments qui mettent en question la valeur scientifique des expériences menées par Christina Hunger et ses disciples.
La question principale qui est posée par ces critiques est : Est-ce qu’il s’agit d’un véritable langage ? Ces chiens comprennent-ils vraiment le sens des mots ?
« Il se peut que Stella et Bunny utilisent ces claviers avec des mots comme langage, mais en l'absence de preuves plus scientifiques, nous devons rester prudents. Nous pouvons cependant reconnaître que ces claviers stimulent l’intelligence des chiens, les occupent et renforcent le lien avec leurs propriétaires », concluent les auteurs de l’article dans The Conversation.
Commentaires
Savez vous si il est sorti en français? ( cer article date de 2021 alors je me disais que .............)Bonjour. Cette histoire de boutons de communication pour animaux me passionne! Je suis quelques animaux sur INstagarm, et je suis impatiente de lire le livre de CRistina HUnger! Savez vous si il est...Voir plus