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Avez-vous déjà vu les chats « Bully » ?
Ce sont deschats sans poils, ressemblant aux chats sphynx mais avec des pattes très courtes et la peau extrêmement ridée.
Cette nouvelle race très en vogue, en tous cas sur les réseaux sociaux, est le produit d’une double mutation génétique. Pour obtenir une apparence originale, les éleveurs ont intentionnellement superposé les mutations héréditaires qui conduisent à l’absence de poils chez les chats sphynx sur la mutation héréditaire responsable des pattes raccourcies du chat munchkin.
Genetic XL Bully Cat ????⚗️ pic.twitter.com/3rIGZkZcjF
— ???? Chupacabra_official ✨???? (@Chupaca80336582) October 22, 2024
Le vrai nom de la race est Bambino, ou Sphynx Bambino, mais à cause de leur forte ressemblance avec les chiens « bully » (race American Bully XL, interdite au Royaume-Uni en 2023), ces chats à l’apparence atypique ont été récemment surnommés « chats bully ».
Apparu initialement aux Etats-Unis, les chats bully font en ce moment objet d’une forte promotion dans les médias sociaux. Ils ont une allure intimidante, agressive et puissante, mais la réalité est tout autre.
Une augmentation de la demande pour ces animaux sur les réseaux sociaux a attiré l’attention de nombreuses associations, et notamment au Royaume-Unis où la race commence à se faire remarquer de plus en plus.
Mais qu’est-ce qui ne va pas avec ces chats Bully ?
Les scientifiques, les vétérinaires et les associations sont unanimes : la sélection artificielle de traits excessifs peut avoir des conséquences directes sur la santé et le bien-être des animaux.
Plusieurs avertissements ont été publiés récemment dans les médias anglophones pour dénoncer ces pratiques d’élevage. Les experts listent plusieurs risques pour la santé de ces chats, liés à une prédisposition génétique :
• Exposition aux maladies de peau, y compris le cancer de la peau ; risque augmenté des coups de soleil
• Arthrite et problèmes de mobilité en général
• Infections respiratoires
• Espérance de vie très réduite
Ces mêmes traits que la sélection génétique intensive s’efforce à exagérer chez ces chats, à savoir leur aspect « sans poil », les grands plis cutanés et les pattes courtes,les rendent particulièrement vulnérables et les exposent aux problèmes de santé graves.
Les porte-paroles de la RSPCA ( Society for the Prevention of Cruelty to Animals - Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux ) et de l’association Cats Protection indiquent que les pattes très coutes (hérités de la race munchkin) provoquent une pression sur leurs articulations et sont « un défaut génétique qui peut entraîner une arthrite douloureuse et causer des problèmes de mobilité générale ».
De même, les plis exagérés favorisent encore plus que chez les chats sphynx l’apparition des maladies de peau.
De plus, tout comme les chats sphynx, les chatons bully ont du mal à réguler leur température corporelle et sont davantage prédisposés aux infections respiratoires.
Ces problèmes risquent d’entrainer une grande souffrance chez les chats et peuvent laisser les propriétaires avec des factures vétérinaires fréquentes et coûteuses, avertit la RSPCA.
Dans un article publié dans le média indépendant « The Conversation » et largement cité ces derniers jours, Grace Carroll, spécialiste du comportement et du bien-être animal à l’école de psychologie de l’université Queen’s de Belfast, alerte surl’espérance de vie très réduite pour les chats issus de cette mutation. Une étude menée au Royaume-Uni au printemps 2024, a évalué la durée de vie moyenne des chats sphynx à 6,7 ans, tandis que le chat moyen vit près de 12 ans.
Étant à la fois sans poils et à pattes courtes,les chats bully « peuvent être confrontés à deux fois plus de défis que les races sphynx et munchkin », explique l’expert.
The XL Bully cat, a crossbreed of Sphynx cats and Munchkin cats, is causing global concern due to its rising popularity.https://t.co/D2ByfOfIXS
— ABC News (@abcnews) October 21, 2024
Si les réactions des experts à l’engouement pour cette nouvelle race se multiplient, c’est surtout pour passer un seul et même message : n’achetez pas ces chats, faites barrage aux pratiques de sélection génétique intensive !
« Nous avons vu des pratiques d’élevage de plus en plus extrêmes dans le monde canin ces dernières années, et il semble que des personnes sans scrupules se tournent désormais vers l’exploitation des chats de la même manière, tout cela dans le but de gagner de l’argent et de gagner des likes sur les réseaux sociaux », a déclaré le porte-parole de l’association NatureWatch Foundation qui lutte pour le bien-être animal dans le monde.
Sur son site officiel, l’association fait passer le message adressé à tous les citoyens : « Si vous envisagez d’avoir un chat, ne succombez pas à ces modes de créateurs néfastes, car vous paierez un prix élevé en frais de vétérinaire et vous devrez endurer la douleur de voir votre animal de compagnie bien-aimé souffrir de problèmes de santé à vie. »
De son côté, Grace Carroll de l’université de Belfast souligne la responsabilité des propriétaires et surtout leur pouvoir de guider la société vers les pratiques d’élevage plus éthiques. Selon cette comportementaliste, nous, en tant que consommateurs, devons être conscients des risques associés à la possession de races mutantes et expérimentales.
«Nous pouvons dissuader les éleveurs de privilégier l’esthétique au détriment de la santé et du bien-être des animaux en refusant d’acheter des races aux caractéristiques extrêmes, écrit-elle dans « The Conversation ». La mode de l’élevage éthique pourrait garantir que les futurs chats seront en meilleure santé, plus heureux et libres de profiter du comportement naturel des félins comme grimper, sauter et se prélasser au soleil. Nous devrions laisser les chats être des chats. »
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