(Vidéo) Étude : Ces femelles gibbons dansent comme des robots - mais pourquoi !?

Savez-vous répondre à la question pourquoi on danse ? En tous cas, les scientifiques essayent de comprendre pourquoi les femelles gibbons dansent (tandis que les grands singes, nos cousins, ne dansent pas) – et cela n’a rien d’évident.

Les danses « robotiques » des gibbons (regardez la vidéo et vous comprendrez pourquoi ces danses font penser aux robots) sont étudiées depuis un certain temps.

Récemment, trois chercheurs – un zoologiste de l’Institut Jean Nicod (Paris), un primatologue de l’Université Heinrich Heine (Düsseldorf) et un linguiste de l’Université d’Oslo, - ont partagé les résultats de leur recherche en version preprint sur le serveur public BioRxiv.

Dans leur article, les scientifiques avancent queles gibbons à crête pratiquent une véritable forme de danse, rythmique et intentionnelle (très proche à la danse des humains), qui est utilisée pour communication dans des contextes très divers. Les femelles gibbons dansent pour attirer attention, obtenir une reconnaissance sociale, et « jouent pour la galerie »en jetant de temps en temps un coup d'œil par-dessus leur épaule pour s'assurer qu’elles sont regardées. Elles peuvent danser parce qu’elles sont excitées ou frustrées, affirment les chercheurs.

Un phénomène très particulier

On trouve des comportements qui ressemblent à de la danse chez différentes espèces animales, par exemple chez les oiseaux, les abeilles, les araignées et bien d’autres. Pourtant, chez les plus proches parents de l’Homme, les grands singes (les bonobos, les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans) des mouvements dansants n’ont pas été observés, « ce qui rend les découvertes sur les gibbons si passionnantes », explique le co-ateur de l’étude Pritty Patel-Grosz.

Un autre constat remarquable et déroutant : contrairement à toutes autres espèces du règne animal, chez les gibbons ce ne sont pas les mâles mais les femelles qui dansent.

Et plus encore : ces danses ne se limitent pas aux situations d’ordre sexuel, mais se produisent dans un large éventail de contextes.

Pour les chercheurs, il est pertinent d’utiliser le concept de la « danse »

Les auteurs de cette étude se basent sur 3 critères qui seraient, selon eux, caractéristiques pour le concept de la danse – le caractère (1) intentionnel, (2) rythmique et(3) structuré des mouvements, - et affirment que les mouvements exécutés par les gibbons peuvent être considérés comme une danse.

En effet, les chercheurs ont montré que les femelles gibbons font des mouvements

• Intentionnels ( et vérifient même si on les regardent danser)
• Rythmiques (les mouvements et leurs séquences ont une durée régulière
• Structurés (les mouvements ne sont pas aléatoires mais regroupés en séquences)

On peut donc parler d’une certaine forme de danse. Mais pourquoi les femelles gibbons dansent-elles ?

Dansent-elles comme nous ?

La présence de ces trois aspects – intention, rythme et structure – dans la danse des gibbons la rend très similaire à la danse humaine.
Pourtant, les chercheurs ne peuvent pas affirmer qu’il s’agit du même comportement. En effet, les humains et les gibbons n’ont pas suivi la même évolution et nous ne connaissons pas les fonctions exactes de la danse chez ces singes, tout comme nous ne savons pas si leurs danses partagent d’autres caractéristiques avec la danse humaine.

On ne sait pas vraiment pourquoi elles dansent

Ce comportement a été observé chez les femelles gibbons de quatre espèces différentes, dans la nature et dans la captivité. Si le style de cette danse est plutôt identique dans toutes les observations, les contextes et les intentions supposées varient énormément.

Les femelles dansent pour leur congénères, mâles et femelles, mais aussi parfois pour d’autres animaux et même pour les humains.

Leur but n’est pas toujours évident et ne sert pas toujours à attirer un partenaire. Ces mouvements semblent remplir plusieurs fonctions sociales et sexuelles importantes, mais les scientifiques ont le mérite de rester humbles : leur recherche constitue juste un premier point de départ pour élucider ce comportement.

De même, il est difficile à dire comment les gibbons perçoivent les danses de leurs congénères.

Affaire à suivre.