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Proposer en adoption un animal de laboratoire est-il possible et légal ? Les laboratoires de recherche peuvent-ils prévoir un replacement pour les animaux arrivés en fin de protocole d’expérience ? Est-il risqué d’adopter un lapin qui a servi à la recherche médicale ? Et comment faire ?
Dans cette interview accordée à Anipassion, Doris Lou DEMY, présidente fondatrice de l’association « White Rabbit », explique les enjeux et les conditions de la réhabilitation légale et encadrée de lapins de laboratoire.
L’association White Rabbit a été fondée en 2014 pour systématiser le placement des animaux de laboratoire, qui favorisait jusqu’alors certaines espèces (singes, chiens, chats, chevaux).
Ses missions consistent d’une part à faire connaître le concept de réhabilitation, pour toutes les espèces, au sein du milieu scientifique et auprès du grand public ; et d’autre part à offrir des solutions concrètes de prise en charge des petits animaux, et en particulier des lapins.
La réhabilitation consiste en l’adoption, la remise en liberté ou le placement dans des structures spécialisées, d’animaux issus de laboratoire dont l’état de santé le permet. Le terme légal est celui de « placement », mais on parle aussi de replacement ou de retraite des animaux de laboratoire.
Elle est autorisée par l’article 19 de la Directive européenne sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques de 2010, et transposée en droit français dans l’article 214-112 du code rural.
Tout à fait, c’est la raison pour laquelle White Rabbit s’est donnée, au delà de ses activités de sauvetage, une mission d’information.
Nous participons à des congrès professionnels afin d’informer les acteurs du milieu scientifique sur le placement, son cadre légal, les animaux concernés, les démarches administratives à effectuer etc.
Et en parallèle nous essayons de sensibiliser le grand public à l’accueil et à l’adoption de ces animaux après leur sortie de laboratoire.
Pour qu’un animal puisse être réhabilité légalement, trois conditions doivent se cumuler :
- la bonne santé de l'animal (il ne doit présenter aucun risque de souffrance physique ou psychique irréversible ou prolongée)
- l'absence de risque pour l’environnement, la santé animale ou la santé humaine (des précautions sont ainsi à prendre pour les animaux infectieux, agressifs, génétiquement modifiés...)
- l'intérêt de l'animal (le programme de placement établi doit être adapté à l'espèce, mais aussi au caractère, au passé et à la condition physique de chaque animal)
Notre association est assez jeune et nous avons peu de recul sur cette question. Les problèmes de santé que nous avons rencontrés jusqu’à présent sont ceux liés à l’espèce (problèmes de transit pour les lapins, soucis respiratoires et tumeurs pour les rats par exemple) ou à la vie en cage (atrophie musculaire, embonpoint, pododermatites etc).
Par précaution, nous n’effectuons par contre pas de placements en extérieur de nos lapins réhabilités, qui sont nés et ont grandi en milieu aseptisé et tempéré, et qui n’ont pas l’instinct de se cacher d’un prédateur ou d’éviter une plante toxique par exemple.
C’est très difficile à dire, car aucun chiffre officiel n’existe sur la réhabilitation.
Ce que nous constatons, au sein de White Rabbit, c’est que nous avons réhabilité cette année plus de 700 « petits » animaux (lapins, rats, souris, poissons), ce qui est 10 fois plus que l’année dernière et 30 fois plus qu’en 2015.
Cela semble indiquer que les animaux de laboratoire ont de plus en plus de chances d’être replacés lorsqu’ils arrivent en fin de protocole expérimental, quelle que soit leur espèce.
Conformément à la loi, les animaux réhabilités sont habitués à être manipulés par l’homme, et leurs antécédents et état de santé permettent d’envisager leur réhabilitation sans risques de souffrance (physique ou psychique) irrémédiable ou prolongée. Les lapins de laboratoire sont ainsi des animaux doux et sociables, habitués depuis leur plus jeune âge au contact humain quotidien. Même ceux (minoritaires) qui sont craintifs au moment de la prise en charge sont finalement plus rapidement et facilement réhabilitables que beaucoup de lapins “de compagnie” qui ont été maltraités, délaissés ou abandonnés.
Les lapins issus de laboratoires s’avèrent d’excellents compagnons, câlins, curieux, joueurs et parfaitement à l’aise dans leur environnement domestique. Il convient juste, comme avec tout animal, de ne pas les brusquer dans les rapports et de laisser la relation s’instaurer naturellement.
L’information du milieu scientifique et du grand public reste prioritaire. Les expérimentateurs et les potentiels adoptants jouent chacun un rôle prépondérant dans le placement; sans eux, il est impossible de réhabiliter davantage d’animaux.
Concrètement pour White Rabbit, cela signifie qu’il est nécessaire de communiquer toujours davantage, via les canaux déjà utilisés ainsi qu’en développant de nouveaux modes de communication; nous aimerions ainsi participer à plus de congrès professionnels, nous lancer dans les salons destinés au grand public (salons associatifs, animaliers, nature, éthique par exemple), développer notre communication imprimée (presse, campagnes d’affichage et/ou de distribution), ce qui requiert des ressources humaines et financières plus importantes que celles dont nous disposons actuellement. Nous lançons donc régulièrement des appels aux dons et à l'engagement bénévole.
Ce sont généralement les laboratoires qui nous contactent, et nous indiquent le nombre d’animaux à réhabiliter, leurs caractéristiques (espèce, âge, sexe, conditions d’hébergement, protocoles expérimentaux etc) ainsi que la date, même approximative, de sortie.
Si l’association dispose du budget et des Familles d’Accueil nécessaires à l’accueil des animaux, un certificat de bonne santé est établi par un vétérinaire, un contrat est signé entre White Rabbit et le laboratoire pour la cession et un dossier de placement est envoyé à la DDPP (Direction Départementale de Protection des Population) pour obtenir l’autorisation préfectorale de prise en charge.
Une fois que ces démarches administratives sont effectuées, les animaux peuvent sortir de laboratoire et rejoindre leurs Familles d’Accueil, leurs adoptants ou encore leurs FAVA (Familles d’Accueil en Vue d’Adoption).
White Rabbit ne dispose pas de refuge et fonctionne en effet grâce à l’engagement de Familles d’Accueil bénévoles, chez qui les animaux sont placés à leur sortie de laboratoire en vue d’être adaptés progressivement et le mieux possible à la vie qui les attend chez leurs futurs adoptants et dont ils ne connaissent rien.
Le rôle des FA est donc prépondérant puisque les lapins prennent chez elles l’habitude d’évoluer dans un environnement domestique, y sont éduqués et sociabilisés, et que cela permet de cerner leur caractère et donc d’éviter les problèmes d’incompatibilité au moment de l’adoption.
Oui, grâce aux propositions de covoiturages bénévoles que nous recevons,il est possible d’adopter des animaux réhabilités de laboratoire dans toute la France, et même dans les pays limitrophes.
Pour les personnes qui auraient déjà repéré un ou des animaux à adopter, le plus simple est de remplir le formulaire d’adoption qui se trouve sur notre site www.white-rabbit.org. Dans le cas d’une simple demande d’informations sur les animaux à adopter ou sur le processus de réhabilitation, il est également possible de nous contacter via les réseaux sociaux ou par mail: contact@white-rabbit.org
Il existe plein de façons de nous aider, en fonction des possibilités de chacun !
Pour ce qui est du soutien financier de l’association, il est possible d’adhérer, de parrainer ponctuellement ou mensuellement un lapin, de faire quelques achats dans la boutique en ligne de l’association, ou simplement de faire un don libre, déductible des impôts à hauteur de 66%, l’association White Rabbit étant officiellement reconnue d’intérêt général.
Mais il est également possible d’adopter, de se proposer comme Famille d’Accueil, de covoiturer des animaux réhabilités lors de ses trajets, de diffuser nos annonces, de s’engager comme bénévole…
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