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Article écrit par Sasha Goldman, intervenante en comportement canin
Lorsque AniPassion m’a demandé d’écrire un article au sujet du chien sans laisse, je n’ai pas pu m’empêcher de visualiser cette si grande majorité de chiens qui vivent au bout d’une laisse. Certains depuis plusieurs années, certains pour de nombreuses années encore… et je me suis dis que les chiens sont décidément des animaux bien résilients.
Si j’ai envie de commencer par là c’est parce qu’il me semble primordial, aussi bien en tant qu’éducateur canin professionnel qu’en tant que propriétaire de mes propres chiens, de prendre du recul sur l’animal qui partage nos vies et d’être capable de réaliser pleinement la chance que nous avons qu’ils acceptent de partager nos vies.
La résilience du chien, sa capacité à nous pardonner nos erreurs, nos incohérences et nos maladresses, n’a d’égale que la fréquence de ces erreurs de notre part et l’immensité de la tâche que ça lui demande – parfois – de vivre à nos côtés.
Car, non, la vie de chien d’humain n’est pas toujours simple ! C’est bien là tout mon sujet ! Nous décidons de la fréquence et de l’endroit où ils doivent faire leurs besoins. Souvent, nous leur imposons un lieu de couchage précis. Nous les obligeons à cohabiter avec des congénères ou d’autres animaux qu’ils n’ont pas choisis. Nous les forçons à vivre dans des villes polluées et bourrées de voitures, de bitume ou tout autre chose si éloignées d’un espace vert, pourtant vital…
Et certains chiens vivent ainsi durant toute leur vie sans jamais se plaindre ou développer des troubles du comportement si graves que leur propriétaire finirait par s’interroger.
Tolérer d’être tenu en laisse fait parti de toutes ces obligations et impose au chien, à nouveau, nos lubies d’humains : direction, surface, rythme, croisement, etc… le chien doit se contenter de suivre – et sans tirer, s’il vous plait ! – sans réfléchir ou discuter les décisions de celui qui tient la laisse.
Vous remarquerez que je ne vous ai pas encore dis de détacher vos chiens et de les laisser vivre libre et sans barrières. Car je saisi les obligations de notre mode de vie à garder les chiens en laisse, pour leur sécurité, la nôtre, et celle des autres.
Mais je pense qu’il est important que nous soyons tous d’accord sur le fait que nous demandons BEAUCOUP à nos chiens, simplement en leur demandant de vivre à nos côtés. Et le fait de mettre une laisse est une énième obligation humaine dont le chien fait les frais, parfois avec beaucoup de souffrance.
Passons au vif du sujet et parlons en un peu, de cette laisse.
Pas la peine que je vous sorte la définition du dictionnaire, je pense que vous avez saisi le principe de ce qu’est une laisse. Cependant, le but de son utilisation n’est peut être pas le même pour vous qu’il ne l’est pour moi…
Dans mon monde, dans celui de mes chiens et dans l’univers dans lequel j’essaye de transporter mes clients, la laisse n’est pas un outil éducatif. Je n’apprends rien à un chien avec une laisse.
Pourquoi ? Déjà parce-que c’est beaucoup trop court !
Lorsque je travaille avec mes chiens ou ceux de mes clients, il m’arrive très souvent de passer par une étape qui est le travail en longe. Tout le monde visualise alors une grande laisse mais c’est en fait bien plus subtil et complexe que cela. Si le but est de communiquer avec son chien, une laisse commune de 1,5 mètre n’est absolument pas intéressante, car, en premier lieu, elle ne permet aucune prise de décision de la part du chien. Dépendant de la taille du chien et de celle de l’humain qui la tient, la laisse peut être tendue dès lors que l’animal baisse la tête pour renifler le sol. Le simple fait d’explorer son environnement engendre donc déjà une crispation littéralement physique de chaque côté et le chien perd en liberté mais aussi en autonomie.
1ère étape donc : rallonger la laisse. 2,5 mètres est un minimum et cela peut être agrandi si l’humain gère bien l’objet et ne compromet pas la sécurité du chien en cas d’écart.
Toutes les laisses de type «enrouleur » sont à proscrire totalement et représentent un danger silencieux que trop peu de personnes soupçonnent. Le chien peut prendre beaucoup de distance et, si l’humain n’a pas le réflexe de gérer les boutons et le rembobinage automatique de celle-ci, le chien peut faire un écart de plusieurs mètres sur une route ou s’enrouler autour de quelqu’un, causant parfois de graves brûlures. Enfin, le bruit du boitier, s’il devait tomber au sol, pourrait terroriser un chien sensible qui se mettrai alors à courir pour échapper au monstre en plastique qui le poursuivrai sans relâche puisque relié à son collier…
Nous avons donc commencé par rallonger notre laisse et par en changer si elle n’était pas adaptée. Par la suite, la majorité des gens pensent qu’un chien apprend à marcher en laisse grâce à celle-ci. La vérité c’est que la laisse n’est là que pour donner une indication au chien quant à la distance qu’il peut s’octroyer. Qu’il s’agisse d’un mètre ou de 15, le but est d’apprendre au chien que, lorsqu’il rencontre une tension, ce n’est pas de l’entretenir qui le fera avancer mais d’y céder.
On va donc apprendre au chien que, ce qui est payant pour lui, ce n’est pas de tirer mais bien de conserver une souplesse constante dans le lien qui le relie à son propriétaire. Mais cela ne passera jamais pas une intervention physique de l’humain, si ce n’est celle d’arrêter d’avancer si le chien tire et de redémarrer s’il n’y a plus de tension. Aucun geste pour ramener le chien vers soi, encore moins de saccades ou autre coups de collier, pas d’appel ou de bruit non plus. Pas la peine ! C’est au chien de travailler et de comprendre, à nous de suivre le mouvement au bon moment car nous voulons solliciter la réflexion et la prise de décision du chien. Vous voyez donc que la laisse n’a pas grand chose à faire dans mon histoire.
Le vrai sujet de cet article réside là.
La laisse, tout le monde sait la mettre. Mais quand il s’agit de l’enlever…
La peur du danger, la peur de l’éloignement, la peur de l’extérieur sont souvent des motivations suffisantes pour que le propriétaire ne se lance pas. Et je peux tout à fait l’entendre ! A fortiori quand il y a eu un précédent de chasse, de fugue, de panique et que l’humain s’est retrouvé à chercher son chien pendant de longues minutes/heures… Mais cela ne devrait jamais vous empêcher de recommencer.
Lorsque j’étais enfant, mon père m’a perdue dans un parc aquatique. Il a lâché ma main quelques secondes et nous avons été séparés. Pensez-vous que mon père me tient encore la main chaque fois que nous nous promenons ensemble ? Il a dû prendre sur lui et me réexpliquer correctement que je ne devais pas m’éloigner, etc… mais il a fini par lâcher ma main à nouveau.
Avec nos chiens, nous pouvons procéder par étapes.
Avec un jeune chien, l’idéal est de commencer tout de suite à le détacher lors des balades en forêt et de démarrer par de petits exercices qui solliciteront sa réactivité à vous suivre : changer de direction régulièrement et sans parler, féliciter le fait de vous suivre calmement, marcher lentement et s’arrêter régulièrement, etc… Rapidement, vous allez créer un lien avec votre chien, basé sur la confiance et l’observation mutuelle, sans utiliser aucun artifice.
Tout ceci est également accessible par des chiens plus âgés et même ayant un précédent de fuite, etc… On va simplement ajouter une étape supplémentaire : la longe.
La longe est un outil que j’utilise quasiment autant pour le chien que pour l’humain car elle sécurise énormément le propriétaire inquiet. Elle permet de s’assurer un lien constant avec le chien et une maitrise de la situation. Elle permet aussi de procéder plus lentement et de commencer, par exemple, par poser la longe au sol. Elle est toujours attachée au chien mais le propriétaire ne la tient plus. Ensuite, on pourra peut-être en choisir une plus courte, et ainsi de suite, jusqu’au moment où l’on pourra la détacher totalement.
Cependant, soyons honnêtes : certains chiens ne pourront jamais être promenés détachés sans courir le risque qu’ils ne vous quittent, notamment s’ils sont chasseurs. Mais ces cas ne sont pas les plus communs et, pour vous en assurer, un regard extérieur sera toujours la meilleure solution. Un éducateur canin/comportementaliste sera à même de vous en dire plus sur votre chien et de vous indiquer si, oui ou non, la balade « en libre » vous sera accessible.
Le fait de détacher son chien est parfois difficile car il implique un grand lâché prise de la part de l’humain.
On doit accepter de ne pas avoir de contrôle physique sur son animal, de ne rien avoir sur soi qui puisse le ramener à nous en cas de problème. On doit accepter de ne pas être son premier centre d’intérêt, que, parfois, certaines activités sont plus payantes que de marcher à côté de nous. On doit accepter de ne pas être le centre du monde et que, s’il en a envie, le chien peut, à tout moment, nous expulser de sa galaxie pour aller tourner en orbite ailleurs…
Le fait d’évoluer sans laisse est rarement un problème pour le chien mais si souvent un problème pour l’humain.
Alors, acceptons de regarder nos peurs en face, de les apprivoiser et d’évoluer par rapport à nos angoisses personnelles, pour le bien-être de nos compagnons.
Acceptons de nous faire aider si le besoin s’en fait ressentir car il n’y a aucune honte à avoir besoin d’un coup de main, d’un soutien et d’un guide, bien au contraire.
Apprenons à gérer nos émotions et à faire suffisamment confiance à nos chiens pour leur permettre d’accéder à cette liberté toute relative que nous leur octroyons dans la vie qu’il partage à nos côtés. Acceptons de nous faire confiance à nous-même et détachons nos chiens !
Auteur de l'article :
Sasha Goldman
Education et Comportement Canin
Pension Familiale
Activités et Vacances Canines
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