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Aujourd’hui, nous accueillons sur AniPassion Martine Fouques, présidente de l’association CAPPA 27 (Comité d’Action Pour la Protection des Animaux) depuis sa création. CAPPA 27, basée à Neubourg (Département de l’EURE, Haute Normandie) est un refuge privé – une Maison de Retraite accueillant des chats.
Depuis 2002, Martine Fouques et son association mènent un combat sans relâche contre l’abandon massif des chats et chiens ainsi que la prolifération des chats. Martine a accepté de répondre aux questions d’AniPassion, et c’est un témoignage très engagé que vous allez pouvoir découvrir en lisant cette interview.
Martine Fouques : J’ai créée l’association en 2002 et les animaux étaient recueillis à notre domicile dans le 27.
Mais devant l’importance des abandons des chats, nous avons, mon mari et moi-même décidé de déménager afin de disposer d’une structure pour les recueillir, les soigner et leur trouver des adoptants.
Depuis 2007, nous disposons donc de locaux aménagés, aux normes, déclarés et visités par la DDPP et nous militons un maximum pour la stérilisation et l’identification (chats et chiens).
Le fonctionnement du refuge repose sur le principe du bénévolat.
Le refuge est maintenant affilié à la Confédération des SPA de France et se consacre surtout aux chats âgés, craintifs, dont personne ne veut, et privilégie l’accueil de chats âgés. Nous avons actuellement plus de 30 chats âgés de plus de 10 ans. La doyenne a 18 ans.
Le refuge s’est donc qualifié de MAISON DE RETRAITE.
Grâce à la Confédération des SPA, nous pouvons recevoir un legs assorti de la prise en charge des chats.
Actuellement nous avons 18 chats en familles d’accueil définitives et 50 chats au refuge. C’est le nombre limite pour que les chats soient dans de bonnes conditions et nous veillons à ne pas le dépasser. Refuser de prendre en charge un animal est toujours un crève-cœur mais il ne s’agit pas de tomber dans l’excès non géré, on connaît les conséquences pour les animaux victimes de l’animal hoarding.
Nous allons prochainement récupérer 6 chats d’une ex- adoptante qui va subir une greffe osseuse et les garder jusqu’à ce qu’elle soit en mesure après ses soins de les récupérer. Normal de l’aider, mais il va falloir s’organiser.
Les demandes d’abandon sont incessantes, les arguments toujours les mêmes ! Allergie, naissance, séparation, déménagement…
Le département 27 est très rural et les mentalités ont du mal à changer ! Nous militons évidemment pour la stérilisation mais nous entendons encore des réflexions stupides, du style, « il faut laisser faire la nature » ou « je n’aimerai pas être stérilisé donc je ne veux pas que mon chat le soit « !!!!!!!!!!!!!!!!!!
La législation a évolué ces derniers temps en faveur des chats sans propriétaires en privilégiant les campagnes de stérilisation pour limiter la prolifération des félins ; malheureusement il est difficile de la faire appliquer par les maires dont l’argument reste : on a plus important à faire !!!
L’irresponsabilité !!!!
Les achats non réfléchis : l’association récupère quelquefois des chiots ou chiens vendus par une animalerie (dont certains ne sont même pas fini de payer) parce que les acheteurs ont craqué sur une boule de poils sans même se renseigner afin de savoir si leur mode de vie correspond à la race, s’ils sont suffisamment disponibles, s’ils sont prêts à assumer les contraintes etc. Nous avons recueilli très récemment une chienne bergère allemande de 6 mois vendue à une dame de 94 ans !!!!!
Les animaux/kleenex : on prend, on fait joujou et quand ils gênent pour diverses raisons, on les jette après usage et sans état d’âme. On nous a déjà dit qu’après tout, les refuges sont faits pour cela !!!!!!!!!
Oui il est essentiel de faire passer le message ! Identifier, stériliser, penser au budget nécessaire, s’organiser en prévision de potentielles absences, prévoir l’avenir de son animal ou de ses animaux etc.
Nous diffusons des flyers, des affichettes, on tient des stands d’information dans les grandes surfaces qui nous acceptent et on informe de l’intérêt d’identifier et de stériliser. On incite les futurs propriétaires à réfléchir sur leurs conditions de vie avant de s’engager à accueillir un animal.Ne pas acheter quand on peut adopter !
Et on utilise les réseaux sociaux qui touchent un large public.
Adhésion à la Confédération qui réunit 260 refuges indépendants en France.
1°) -Ne plus faire naître car il y a trop de chats et chiens en France
2°) -Ne pas acheter mais adopter
3°) - Ne pas aller dans une animalerie acheter un animal comme on achète un objet que l’on peut « jeter après usage » mais se renseigner pour connaître les contraintes de la race (taille, budget etc) et s’interroger en famille afin de savoir si on a assez de temps à lui consacrer ; connaître ses limites (patience, éducation, pathologies à assumer) etc
4°) – Responsabiliser les maires qui ne respectent pas la législation et laissent se dégrader des situations que les associations ont du mal à assumer, surtout pour les chats.
Nous avons peu de familles d’accueil ; elles doivent être bien conscientes de leur engagement vis-à-vis de l’animal et de l’association. C’est aussi très difficile pour les bénévoles d’accueillir un animal, de lui prodiguer soins et affection et ensuite de le voir partir même en sachant que l’association a fait en sorte de sélectionner les adoptants avec sérieux.
Plusieurs de nos familles d’accueil ont d’ailleurs fini par adopter l’animal qu’elles avaient en garde.
Certaines familles d’accueil ont la garde définitive de l’animal pour diverses raisons (trop craintifs pour être adoptés, âgés, malades).
L’équipe n’est pas importante mais très soudée et efficace.
Nous ne sommes que 5 bénévoles assidues, à nous occuper du refuge au quotidien.
Isabelle et Nadège, un binôme très investi, piliers du refuge, aidées par Françoise… Elles connaissent tous les chats non seulement par leurs noms, par leur comportement, mais également, quels médicaments ils prennent et pour quelles pathologies. Elles savent observer et comprendre si un chat n’est pas au mieux de sa forme. Elles gèrent les soins et les visites vétérinaires en plus de l’hygiène des locaux.
Isabelle est également notre trésorière et Nadège s’occupe des parrainages. Simone et moi-même nous consacrons aux manifestations (collecte de nourriture, foire à tout, porte ouverte etc) .
Quant à moi, j’assume le fonctionnement de l’association, les appels téléphoniques, le secrétariat, lesabandons et/ou les adoptions, les réunions, la gestion du matériel et des locaux, la tenue des registres entrées/sorties et suivi médical etc etc, les enquêtes, plaintes, formation de la CNSPA etc.
Trouver des bénévoles qui s’investissent vraiment reste une difficulté en campagne. La distance, le transport dissuadent je pense. Respecter un planning de présence semble trop contraignant mais indispensable pour l’hygiène, les traitements médicaux et les câlins …….
1°)- Avoir un refuge toujours au maximum de sa capacité ! Beaucoup de demandes d’abandon ; presque toujours les mêmes arguments (allergies, pas de temps, séparations etc) et ne pas pouvoir répondre chaque fois favorablement, ce que les gens ne comprennent pas forcément et qui aboutit quelquefois à des reproches, des menaces.
2°) - Le souci permanent de trouver les fonds nécessaires pour nourrir et soigner tous nos petits protégés. Nos vétérinaires sont tolérants mais au-delà d’une certaine somme due, ils nous mettent la pression.
3°) – L’indifférence des élus et collectivités rurales.
4°) – Retrouver des chats abandonnés dans un carton devant le refuge lorsqu’on manque de place.
Le conseil départemental de l’Eure refuse de nous subventionner.
Aucune information n’est jamais donnée sur les refuges, les animaux, les manifestations organisées par les associations de PA, dans les publications du département qui en adoptant la politique de l’autruche n’a pas de compte à rendre aux eurois dont les impôts qui devraient servir pour la protection animale servent à d’autres fin.
Seule une commune nous alloue 80,00 € depuis quelques années et ce n’est même pas notre commune (Hectomare) qui préfère subventionner la société de chasse du secteur.
Les bénévoles mettent souvent la main à leur portemonnaie et à titre personnel, mon mari et moi assumons beaucoup de charges (téléphone, eau, électricité, assurances, etc). Maintenant en retraite, cela va devenir de plus en plus difficile.
Chaque fin d’année la Fondation 30 Millions d’ Amis participe au règlement de nos factures vétérinaires (il s’agit de quelques factures pour une somme allouée forfaitaire) et nous alloue une aide pour de la nourriture.
La Fondation Bardot nous a aidé également dans le passé lorsqu’on a eu à faire face à plusieurs occasions à des situations difficiles chez des personnes vivant dans l’insalubrité avec trop d’animaux (animal hoarding) et a accueilli un bouc qui a été abandonné dans une commune près du refuge.
Quant à la Confédération Nationale des SPA de France à laquelle nous adhérons, elle nous a aidés pour faire face aux frais d’avocat consécutifs à une procédure pour maltraitance.
Et nous avons des marraines pour plusieurs chats du refuge qui nous aident financièrement ainsi que des donateurs fidèles.
J’ai eu souvent l’impression de donner des coups d’épée dans l’eau devant des propriétaires irresponsables, des élus obtus, et je me suis souvent sentie bien seule. C’est pourquoi nous avons finalement adhéré à la confédération des SPA de France afin de bénéficier de conseils, de formation etc.
En dehors du fait que nous avons stérilisé et identifié près de 1600 chats dont un grand nombre a trouvé une famille, ainsi que plus de 500 chiens, c’est le côté positif, la société n’a pas évolué favorablement, toujours des achats impulsifs d’animaux, toujours des salons du chiot, des usines à chiots, les lois non respectées, inapplicables ou inappliquées, le manque de structures, les euthanasies massives dans les fourrières, les importations d’animaux , le laxisme des collectivités etc.
L’animal est maintenant considéré comme un être sensible et l’animal commence à trouver sa place et le respect dans la société, même s’il reste beaucoup de combats à mener. Cela se voit aux nombreuses manifestations organisées contre la corrida, la chasse à coure, les abattoirs, la fourrure, la torture, les laboratoires, le nombre augmentant des végétariens et végans. C’est le côté positif.
TENDANCES NEGATIVES de mon point de vue :
Les refuges sont exsangues.
Manque de places d’accueil, manque de moyens.
Euthanasies massives dans les fourrières et en même temps, des associations rapatrient des chiens d’Espagne, de Roumanie, de Tunisie etc etc. Même si je comprends que ces animaux vivent dans une grande détresse, et si je suis d’accord à 100 % pour que des associations les aident, j’avoue ne pas bien comprendre pourquoi la vie de l’animal dans la fourrière près de chez nous a moins d’importance pour ces associations.
Beaucoup de petites associations se créent sans éthique, et au fonctionnement et intérêt douteux qui risquent de jeter l’opprobre sur les associations sérieuses.
TENDANCES POSITIVES :
Avancée de la législation et reconnaissance de la souffrance animale.
De plus en plus de personnes sensibilisées par les moyens d’information mis en œuvre par les grandes associations et fondations.
Pas une SPA mais des SPA.
La SPA ne compte que 54 refuges en France alors que la Confédération regroupe 260 refuges indépendants.
Il semble que désormais les donateurs fassent la différence et que les petits refuges qui font autant de travail que les refuges de la SPA (surtout comme le CAPPA dans un département où il n’y a pas de délégation SPA) ; on peut espérer avoir une meilleure répartition des dons et les recevoir en direct, car la SPA de Paris ne redistribue pas aux refuges de l’EURE .
Coordonnées de l'association :
CAPPA SPA PAYS DU NEUBOURG
27110 HECTOMARE
TEL . 06 73 99 11 53
www.cappa27.com
https://www.facebook.com/CAPPA-maison-de-retraite-pour-chats-27-EURE-Hte-Normandie-133197940092391/
cappaassociation@orange.fr
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