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Des scientifiques de Colossal Biosciences ont annoncé ce lundi le 7 avril 2025 une avancée majeure dans le domaine de la désextinction en parvenant à recréer des louveteaux de l'espèce éteinte Aenocyon dirus, plus connue sous le nom de "loup géant". Cette espèce, disparue il y a environ 13 000 ans, a été popularisée par la série télévisée Game of Thrones.
L'équipe de Colossal Biosciences a utilisé des techniques avancées de génie génétique pour atteindre cet objectif. Ils ont extrait de l'ADN de fossiles de loups géants âgés de 13 000 et 72 000 ans, puis ont combiné ces séquences génétiques avec celles de loups gris modernes. Ce processus a permis de créer des embryons viables, qui ont été implantés dans des chiennes porteuses. Ainsi sont nés trois louveteaux en octobre 2024, baptisés Romulus, Remus et Khaleesi.
Les louveteaux présentent des traits distinctifs associés aux loups géants, notamment une taille imposante et une musculature développée. Leur pelage est également similaire à celui décrit dans les archives fossiles. Actuellement, ces animaux évoluent dans une réserve écologique de 2 000 acres aux États-Unis, où ils sont étroitement surveillés par des experts pour assurer leur bien-être et étudier leur adaptation à l'environnement.
Colossal Biosciences, cofondée par le biologiste George Church, ne s'arrête pas à cette seule résurrection. L'entreprise ambitionne également de ramener d'autres espèces disparues, telles que le mammouth laineux, le tigre de Tasmanie et le dodo. Ces initiatives soulèvent des questions éthiques et scientifiques, notamment sur la définition de l'authenticité de ces animaux recréés et sur les conséquences écologiques de leur réintroduction.
En 2020, Ben Lamm et George Church ont décidé de fonder une entreprise à but lucratif, Colossal Biosciences, avec pour produit phare la désextinction d'animaux. « Nous sommes actuellement le prédateur au sommet de la chaîne alimentaire », s'est dit Lamm. « Pourquoi ne pas utiliser notre technologie pour le bien ? », rapporte The New Yorker. Cependant, cette vision n'est pas partagée par tout le monde. Selon Jennifer Doudna, l'une des inventrices de la technologie Crispr, cette approche soulève des préoccupations éthiques. Selon elle, cette technologie de modification génétique devrait être réservée à des questions essentielles, comme aider les personnes atteintes de graves troubles congénitaux. Dans son ouvrage A Crack in Creation, publié en 2017, elle écrivait : « Si nous pouvons éviter d'altérer la nature plus que ce que nous avons déjà fait, ne devrions-nous pas essayer de le faire ? »
Ce projet scientifique, bien que spectaculaire, s'inscrit dans une tendance plus large visant à utiliser les technologies de l'ADN ancien pour réécrire le vivant. Les chercheurs s'appuient sur les progrès récents du séquençage génomique, du clonage et de la biologie de synthèse pour repousser les frontières entre extinction et renaissance.
Des débats persistent cependant sur la légitimité de ces pratiques. Certains spécialistes considèrent qu’il s’agit d’une forme d’hybridation plus que d’une véritable résurrection, dans la mesure où les séquences manquantes ont été comblées par de l’ADN de loup moderne. Cela soulève la question : s'agit-il vraiment du retour d'une espèce disparue ou de la création d'un nouveau type de canidé ?
« En réalité, vous ne ressuscitez rien — vous ne ramenez pas le passé ancien », a déclaré, selon Apnews, Christopher Preston, expert en faune et environnement à l'Université du Montana, qui n'a pas participé à la recherche.
Sur les réseaux sociaux, les premières images publiées par les équipes de Colossal ont suscité un mélange d’émerveillement et d’inquiétude. De nombreux internautes, touchés par l’aspect attendrissant des louveteaux, saluent l’exploit technologique, tandis que d'autres pointent les risques potentiels d'une telle manipulation de la nature.
En toile de fond, se pose également la question de la finalité : ces animaux sont-ils destinés à vivre dans des réserves fermées, ou à terme, à être réintroduits dans la nature ? Et si oui, dans quel but ? Restaurer un équilibre écologique, répondre à une curiosité scientifique, ou satisfaire une vision quelque peu fantasmée du vivant ?
Quoi qu’il en soit, la renaissance des loups géants marque une étape marquante dans l’histoire des sciences du vivant. Elle réactive des interrogations fondamentales sur notre rapport à la nature, à la disparition, et à notre pouvoir grandissant d’en modifier le cours.
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